Parler de violence

Date d’adoption : 
11 décembre 2019
Dernière mise à jour : 
7 janvier 2021

Utilisez un vocabulaire clair, juste et respectueux

À éviter :

  • Utilisation de termes flous qui masquent le type de violence ou son degré de gravité. Parler d’un « incident » ne dit rien de la nature violente de la situation.
  • Utilisation de mots ou de descriptions qui mutualisent la violence. Mutualiser, c’est rejeter la responsabilité ou le blâme sur la victime plutôt que sur l’agresseur. La violence est unilatérale (infligée) et doit être décrite comme telle. Par exemple, ne dites pas que deux personnes se sont battues quand l’une a frappé ou attaqué l’autre.

À privilégier :

  • Utiliser un vocabulaire clair qui décrit la violence avec exactitude et attribue le blâme à l’agresseur.
  • Respecter l’identité et l’expression de genre et utiliser un vocabulaire clair, cohérent et respectueux pour parler de questions touchant la communauté LGBTQ. Choisir des termes sans ambiguïté, neutres et largement acceptés, comme le recommande le guide stylistique de Trans Pride Canada.

Évitez les descriptions inutiles.

À éviter :

  • Déclaration subversive ou description d’éléments non pertinents – par exemple les choix de vie, les vêtements, les antécédents sexuels, le statut de citoyenneté ou le travail – de manière à jeter le blâme sur la victime ou à minimiser les torts de l’agresseur.
  • Suggestion de l’innocence d’un agresseur en raison d’éléments comme son statut social, sa race, son ethnie, sa religion ou son travail.

À privilégier :

  • Donner une voix à la victime, en faisant abstraction des informations inutiles sur elle ou l’agresseur. Fournir suffisamment de détails pour montrer la résistance de la victime à la violence. Trouver le juste milieu : un trop-plein de détails risque d’être discriminatoire, et un manque, d’affaiblir le témoignage de la victime.

Avez-vous atténué la violence?

À éviter :

  • Choix de la voie passive et d’un vocabulaire qui rejette le blâme sur la victime plutôt que l’agresseur. Par exemple, la phrase passive « La victime a dit avoir été violée » tait la faute de l’agresseur dans le viol. Un message plus percutant et clair serait : « La victime a rapporté que l’homme l’avait violée ». La violence est infligée à la victime : cette dernière ne commet ni ne pratique d’acte sexuel. D’ailleurs, les mots sexe et sexuel doivent être réservés aux véritables actes sexuels, c’est-à-dire ceux qui sont consentis par toutes les parties.

À privilégier :

  • Choisir la voix active et un vocabulaire qui attire l’attention sur l’auteur du crime. Faire de l’agresseur le sujet de la phrase et utiliser des verbes, par exemple « L’homme lui a donné un coup de pied à la tête » au lieu de « La victime a reçu un coup de pied à la tête. »

Avez-vous sous-entendu des motifs raciaux ou culturels à la violence?

À éviter :

  • Énoncés indiquant que les membres d’un groupe donné se comportent tous de la même façon. Un geste doit être décrit avec les mêmes termes, peu importe la race ou l’ethnie de l’agresseur. Par exemple, si un membre de la majorité visible est un tireur ou une personne malade, un membre d’une minorité ne doit pas devenir un tueur, un terroriste ou un voyou.

À privilégier :

  • S’assurer que les termes choisis ne perpétuent pas de racisme ou de stéréotypes ni ne suggèrent que la violence est normale dans certaines communautés.

Avez-vous atténué, exagéré ou rationalisé la violence?

À éviter :

  • Conclusions ou choix de termes qui atténuent ou exagèrent un événement violent. La violence peut survenir dans tous les scénarios : le jour comme la nuit, avec ou sans alcool, en public comme à la maison. Il ne faut jamais parler de circonstances « habituelles » ou « inhabituelles » ni suggérer que certaines formes de violence sont plus graves que d’autres.

À privilégier :

  • Décrire la violence clairement et avec les mots justes, en s’appuyant sur des chiffres et des faits.

Vocabulaire à éviter

Agression sexuelle

Options à privilégier : agression sexualisée, violence sexualisée, violence avec gestes sexualisés, acte sexualisé violent, viol.

Pourquoi? Le mot sexuel implique une notion de consentement et de mutualité. Il sous-entend que les deux parties sont responsables. Si agression sexuelle est le terme courant, agression sexualisée représente mieux cet acte unilatéral (non réciproque) et non consenti, et est donc à préférer. Il n’est pas possible de consentir à une agression sexualisée ou à la violence.

Rapport sexuel

Options à privilégier : viol.

Pourquoi? Les mots rapport et sexuel décrivent une activité mutuellement consentie, ce qui suppose que la victime y a pris part, a contribué à l’événement plutôt que de le subir. Ces termes banalisent et effacent des comportements criminels en assimilant le viol à une activité du quotidien.

Donner un baiser/embrasser

Options à privilégier : contact oral forcé, forcer un contact buccal avec la victime.

Pourquoi? Un baiser est un acte auquel les deux parties ont consenti; c’est une marque d’intimité ou d’affection. L’utilisation de ce terme mutualise la violence et minimise l’agression.

Prétendre, admettre, avouer

Options à privilégier : rapporter.

Pourquoi? Prétendre renforce l’idée qu’un crime n’a pas nécessairement été commis. Admettre et avouer sous-entendent que la victime a une part de responsabilité dans la violence. Rapporter est plus neutre et donc plus approprié.

Soyez clairs; précisez qui a dit quoi : « Mme Unetelle a rapporté que… » ou « La police a dit que… »

Ne faites aucune déclaration de culpabilité ou d’innocence avant que le système de justice pénale canadien n’ait rendu sa décision. Utilisez des formules neutres : « M. Untel ferait face à des accusations de… » ou « Mme Unetelle a été accusée de… »

Indemne

Options à privilégier : témoin, traumatisé ou traumatisée, victime.

Pourquoi? Les victimes de violence ne s’en sortent jamais indemnes. Même lorsqu’elles ne présentent pas de blessures physiques, elles gardent des souvenirs plus ou moins traumatiques de l’événement. Les descriptions doivent rendre compte des préjudices physiques, mais aussi mentaux, affectifs et spirituels.

Évitez de dire, par exemple : « Les enfants étaient à l’étage et sont donc indemnes ». Tous les enfants sont affectés par la violence dont ils sont témoins.

Dispute conjugale/de couple

Options à privilégier : violence conjugale, violence familiale.

Pourquoi? Une dispute est un désaccord ou une discussion houleuse entre deux parties égales. Ce terme diminue la gravité de la violence et sous-entend une responsabilité mutuelle. Il suggère aussi qu’il s’agit d’un incident isolé, pouvant ainsi occulter des abus répétés.

Incident

Options à privilégier : attaque, agression sexualisée, viol.

Pourquoi? Incident est un terme vague qui ne permet pas d’enclencher les processus sociaux appropriés. Utilisez un vocabulaire clair et précis pour décrire le crime

Relation sexuelle avec un mineur, tourisme sexuel d’enfant, commerce sexuel d’enfant, pornographie juvénile, prostitution d’enfant

Options à privilégier : viol d’enfant, exploitation internationale d’enfant, abus sexualisé d’enfant, exploitation sexuelle lucrative.

Pourquoi? Les enfants ne peuvent pas consentir à une relation sexuelle. Le terme viol est donc essentiel. Puisque les enfants sont légalement inaptes à donner leur consentement, ils ne sont aucunement responsables de la violence qu’ils subissent.

Attouchement sexuel

Options à privilégier : attouchement de [parties du corps], attouchement forcé.

Pourquoi? Le terme sexuel suggère une notion de sensualité ou de plaisir, alors qu’il s’agit d’un acte criminel, préjudiciable et forcé. En outre, préciser les parties du corps apporte plus de clarté.

Intimidation, cyberintimidation

Options à privilégier : racisme, sexisme, homophobie, transphobie, exploitation sexualisée en ligne, harcèlement.

Pourquoi? Le terme intimidation est vague et flou. Il peut minimiser la gravité ou effacer le caractère criminel des abus, des actes forcés, des menaces, du chantage et des agressions. Précisez autant que possible la nature du comportement violent.

Choisir les mots justes pour parler de violence

Quand il est question de violence, chaque mot compte. En utilisant un vocabulaire vague, trompeur ou inexact, on masque ou atténue la nature criminelle et la gravité de la violence ainsi que la responsabilité des agresseurs. En outre, on risque de limiter l’appui communautaire et les services à la victime et d’influencer le processus judiciaire.

C’est pourquoi le gouvernement du Yukon s’engage à utiliser un vocabulaire clair, juste et respectueux qui dépeint fidèlement la violence et ses répercussions sur les victimes.

La violence prend de nombreuses formes. En voici des exemples :

  • Violence physique
  • Violence psychologique
  • Violence sexualisée
  • Violence affective
  • Violence culturelle
  • Violence sexiste
  • Violence au travail
  • Violence familiale
  • Mauvais traitement/abus de personnes âgées
  • Négligence
  • Violence conjugale
  • Violence financière